BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
15 mai 2007 / n° 18-19


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Numéro thématique - Impact sanitaire du radon domestique : de la connaissance à l’action
Special issue - Health impact of radon: from knowledge to action

Sommaire

- Éditorial - Radon et cancer du poumon : appel à une politique de santé publique / Editorial - Radon and lung cancer: call for public health policy [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Risques associés au radon : l’apport des études de mineurs / Radon-associated risks: contribution from miner studies [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Exposition au radon dans les habitations et risque de cancer du poumon : analyse conjointe des données individuelles de 13 études cas-témoins européennes / Radon in homes and risk of lung cancer: 13 collaborative analyses of individual data from European case-control studies [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Évaluation de l’impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France / Assessment of the health impact related to indoor exposure to radon in France [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Caractérisation des risques radon dans les régions : faire s’approprier par les acteurs un problème de santé publique méconnu / Characterisation of radon risks in regions: Making stakeholders aware of an underestimated public health issue [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Le contrôle des expositions au radon, France, Décembre 2006 / Controlling exposure to radon, France, December 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- La politique de gestion du radon au Québec / Radon gas management policy in Quebec [ Lire le résumé / Read the abstract ]

Coordination scientifique du numéro / Scientific coordination of the issue: Philippe Pirard, département santé environnement, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France - Co-coordination : Olivier Catelinois, Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France



Editorial - Radon et cancer du poumon : appel à une politique de santé publique
Editorial - Radon and lung cancer: call for public health policy
Hajo Zeeb, Professeur d’Épidémiologie, Institut de statistique médicale, d’épidémiologie et d’informatique, Université de Mainz, Allemagne
Zhanat Carr, Chercheur, Organisation mondiale de la santé, Unité « Rayonnements ionisants et santé environnementale », Genève, Suisse



Risques associés au radon : l’apport des études de mineurs
Radon-associated risks: contribution from miners studies
Dominique Laurier (dominique.laurier@irsn.fr)1, Blandine Vacquier1, Kleirvi Leuraud1, Sylvaine Caër2, Alain Acker2, Margot Tirmarche1
1 / Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Fontenay-aux-Roses, France 2 / Conseil médical Groupe Areva, Paris, France

Résumé
Cet article présente les études épidémiologiques effectuées sur des populations de mineurs pour analyser les risques associés à l’exposition au radon. Il recense les données disponibles, en détaillant plus particulièrement l’étude française. Il résume les résultats acquis et présente les questions actuelles. Au total, une quinzaine d’études de cohorte ont été mises en place dans le monde depuis les années 1960, notamment sur des mineurs d’uranium. Ces études ont apporté de nombreux résultats sur le risque de cancer du poumon. Elles ont en particulier permis de quantifier la relation exposition-réponse et de mettre en évidence l’effet de facteurs modifiants de cette relation, tels que l’âge ou le délai depuis l’exposition. Aujourd’hui, la qualité des données dosimétriques individuelles et la possibilité de reconstituer l’ensemble de leur l’historique professionnel font des études de mineurs un complément important aux études conduites en population générale. Les projets de recherche en cours, en particulier au niveau européen, permettront de prendre en compte les expositions multiples présentes dans les mines et d’analyser les risques pour d’autres causes de décès que le cancer du poumon.
 
Abstract
This article presents epidemiological studies conducted among populations of miners to analyse the risks associated to radon exposure. It reviews the available data, and details the characteristics of the French cohort of miners. It summarises the obtained results and introduces the current research issues. In all, around fifteen cohort studies on miners, mainly uranium miners, have been performed in the world since the 1960’s to analyse the risks associated to radon exposure. These studies have provided many results on the risk of lung cancer. More specifically, they allowed to quantify the exposure-risk relationship, and to demonstrate the importance of modifying factors of this relationship, such as age and time since exposure. Today, the quality of individual dosimetric data and the possibility to reconstruct the miners professional history make these studies a considerably important tool to complement surveys performed in the general population. Ongoing research projects, at the European level in particular, will allow to consider the multiple exposures existing in mines, and to analyse the risks for causes of death other than lung cancer.

Mots clés / Key words
Radon, mineurs, épidémiologie, cancer du poumon, leucémie / Radon, miners, epidemiology, lung cancer, leukaemia



Exposition au radon dans les habitations et risque de cancer du poumon : analyse conjointe des données individuelles de 13 études cas-témoins européennes
Radon in homes and risk of lung cancer: 13 collaborative analyses of individual data from European case-control studies
Sarah Darby (sarah.darby@ctsu.ox.ac.uk)1, David Hill1, Ansi Auvinen2, Juan-Miguel Barros-Dios3, Hélène Baysson4, Francesco Bochicchio5, Harz Deo6, Rolf Falk7, Francesco Forastiere8, Matti Hakama9, Iris Heid10, Lothar Kreienbrock11, Mikaela Kreuzer12, Frédéric Lagarde13, Ilona Mäkeläinen14, Colin Muirhead15, Wilhelm Oberaigner16, Göran Pershagen13, Alberto Ruano-Ravina3, Eeva Ruosteenoja14, Angelika Schaffrath Rosario10, Margot Tirmarche4, Ladislav TomáBek17, Élise Whitley18, Heinz-Erich Wichmann10, Richard Doll1
1 / Radcliffe Infirmary, Royaume-Uni 2 / École de Santé Publique, Tampere, Finlande 3 / Université de Santiago de Compostela, Espagne 4 / Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, Fontenay-aux-Roses, France 5 / Institut National Italien de la Santé, Rome, Italie 6 / Université de Reading, Reading, Royaume-Uni 7 / Autorité suédoise de radioprotection, Stockholm 8 / Département d’épidémiologie, Rome, Italie 9 / Registre du cancer finlandais, Helsinki, Finlande 10 / Centre de recherche GSF pour l’Environnement et la Santé, Neuherberg, Allemagne 11 / Institut de Biométrie, d’Épidémiologie et de Traitement de l’Information, Hannovre, Allemagne 12 / Département de Radioprotection et de Santé, Neuherberg, Allemagne 13 / Institut de Médecine Environnementale, Stockholm, Suède 14 / Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection, Helsinki, Finlande 15 / Autorité Nationale de Radioprotection, Chilton, Royaume-Uni 16 / Tumorregister Tirol, Innsbruck, Autriche 17 / Institut National de Radioprotection, Prague, République Tchèque 18 / Université de Bristol, Bristol, Royaume-Uni

Résumé
Objectifs – Déterminer le risque de cancer du poumon associé à l’exposition aux produits de désintégration du radon, gaz d’origine naturelle, dans les habitations.
Conception – Analyse conjointe des données individuelles de 13 études cas-témoins sur le radon domestique et le cancer du poumon.
Contexte – Neuf pays européens.
Effectifs – 7 148 cas de cancer du poumon et 14 208 témoins.
Mesures principales – Les risques relatifs de cancer du poumon et la concentration du gaz radon dans des habitations occupées au cours des 5 à 34 dernières années mesurée en becquerels (nombre de désintégrations de radon par seconde) par mètre cube (Bq/m3) d’air domestique.
Résultats – La concentration moyenne de radon mesurée dans les habitations du groupe témoin était de 97 Bq/m3, dont 11 % était >200 et 4 % était > 400 Bq/m3. Dans les habitations des individus atteints de cancer du poumon, la concentration moyenne était de 104 Bq/m3. Le risque de cancer du poumon augmente de 8,4 % (intervalle de confiance à 95 % de 3,0 % à 15,8 %) par accroissement de 100 Bq/m3 de radon mesuré (P=0,0007). Cela correspond à une augmentation de 16 % (5 % à 31 %) par accroissement de 100 Bq/m3 de radon domestique - c’est-à-dire après correction de la dilution induite par les incertitudes aléatoires de la mesure des concentrations en radon. La relation dose/effet semble être linéaire sans seuil minimal et reste significative (P=0,04) lorsque l’analyse se limite aux individus occupant des habitations où la concentration en radon est <200 Bq/m3. L’excès de risque proportionnel ne varie pas de manière significative en fonction de l’étude, de l’âge, du sexe ou des habitudes tabagiques. En l’absence d’autres causes de décès, les risques absolus de cancer du poumon à l’âge de 75 ans aux concentrations habituelles en radon de 0, 100 et 400 Bq/m3 sont respectivement d’environ 0,4 %, 0,5 % et 0,7 % pour une personne n’ayant jamais fumé, et environ 25 fois supérieurs (10 %, 12 % et 16 %) pour un fumeur de cigarettes.
Conclusions – L’analyse conjointe, mais pas individuelle, de ces études indique que l’exposition au radon domestique présente un risque significatif, en particulier chez les fumeurs et les anciens fumeurs récents, et démontre qu’il est à l’origine d’environ 2 % de tous les décès attribuables au cancer en Europe.
 
Abstract
Objective – To determine the risk of lung cancer associated with exposure at home to the radioactive disintegration products of naturally occurring radon gas.
Design – Collaborative analysis of individual data from 13 case-control studies of residential radon and lung cancer.
Setting – Nine European countries.
Subjects – 7 148 cases of lung cancer and 14 208 controls.
Main outcome measures – Relative risks of lung cancer and radon gas concentrations in homes inhabited during the previous 5-34 years measured in becquerels (radon disintegrations per second) per cubic metre (Bq/m3) of household air.
Results – The mean measured radon concentration in homes of people in the control group was 97 Bq/m3, with 11% measuring > 200 and 4% measuring > 400 Bq/m3. For cases of lung cancer the mean concentration was 104 Bq/m3. The risk of lung cancer increased by 8.4% (95% confidence interval 3.0% to 15.8%) per 100 Bq/m3 increase in measured radon (P=0.0007). This corresponds to an increase of 16% (5% to 31%) per 100 Bq/m3 increase in usual radon – that is, after correction for the dilution caused by random uncertainties in measuring radon concentrations. The dose-response relation seemed to be linear with no threshold and remained significant (P = 0.04) in analyses limited to individuals from homes with measured radon < 200 Bq/m3. The proportionate excess risk did not differ significantly with study, age, sex, or smoking. In the absence of other causes of death, the absolute risks of lung cancer by age 75 years at usual radon concentrations of 0, 100, and 400 Bq/m3 would be about 0.4%, 0.5%, and 0.7%, respectively, for lifelong non-smokers, and about 25 times greater (10%, 12%, and 16%) for cigarette smokers.
Conclusions – Collectively, though not separately, these studies show appreciable hazards from residential radon, particularly for smokers and recent ex-smokers, and indicate that it is responsible for about 2% of all deaths from cancer in Europe.

Mots clés / Key words
Radon, problèmes environnementaux, tabagisme, cancer du poumon / Radon, environmental issues, smoking, lung cancer



Évaluation de l’impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France
Assessment of the health impact related to indoor exposure to radon in France
Olivier Catelinois (o.catelinois@invs.sante.fr)1, Agnès Rogel2, Dominique Laurier2, Solène Billon2, Denis Hémon3, Pierre Verger4, Margot Tirmarche2
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Fontenay-aux-Roses, France 3 / Inserm IFR69, villejuif, France 4 / Observatoire régional de la santé PACA, Marseille, France

Résumé
Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle qui se concentre dans l’habitat mal ventillé. C’est un agent cancérigène pulmonaire certain chez l’homme. L’exposition de l’ensemble de la population française à des concentrations très variées de radon pose la question de son impact en termes de santé publique. Afin de fournir des éléments de réponse, cette é tude propose l’évaluation prédictive de l’impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France métropolitaine. Utilisant l’ensemble des données disponibles sur la relation entre l’exposition et le risque de cancer du poumon et sur l’estimation des expositions de la population française, cette étude est basée sur la démarche de l’évaluation quantitative des risques sanitaires ; elle comprend une analyse de la variabilité et des incertitudes qui permet le calcul d’un intervalle d’incertitude autour de la prédiction. Le nombre annuel de décès par cancer du poumon qui serait attribuable à l’exposition domestique au radon en France métropolitaine varie de 1 234 (Intervalle d’incertitude à 90 % : 593 - 2 156) à 2 913 (Intervalle d’incertitude à 90 % : 2 763 - 3 221) en fonction des relations exposition- réponse utilisées. Ces chiffres montrent que l’exposition domestique au radon constitue un enjeu majeur de santé publique en France.
 
Abstract
Radon is a naturally occurring radioactive gas which concentrates in deficiently ventilated habitations. Radon is a well-established human pulmonary carcinogen agent. The exposition of the overall French population to various radon concentrations led scientists to assess its public health impact. This study proposes a predictive assessment of health impact attributable to indoor radon exposure in metropolitan France. Using all available data on the exposure-response between radon exposure and lung cancer mortality risk and on the assessment of indoor radon exposure in France, this study is based on quantitative safety risk assessment method associated to an analysis of both variability and uncertainty, which allows to measure an uncertainty interval related to the prediction. The estimated annual number of lung cancer deaths attributable to indoor radon exposure ranges from 1 234 (90% uncertainty interval, 593-2 156) to 2 913 (90% UI, 2 763-3 221), depending on the model considered. This result shows that indoor radon exposure is a serious public health problem in France.

Mots clés / Key words
Radon, cancer du poumon, évaluation des risques, impact sanitaire / Radon, lung cancer, risk assessment, health impact



Caractérisation des risques radon dans les régions : faire s’approprier par les acteurs un problème de santé publique méconnu
Characterisation of radon risks in regions: raising stakeholders’ awareness of an underestimated public health issue
Philippe Pirard (p.pirard@invs.sante.fr)1, Florian Franke2, Claude Thillier1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Cellule interregionale d’épidémiologie, Marseille, France

Résumé
Nous passons 90 % de notre vie dans les bâtiments et le caractère cancérogène du radon est reconnu. En France pourtant, même parmi les acteurs potentiels de la gestion, un débat persiste quant à son impact sur la santé publique. Dans les régions définies comme étant à potentiel radon, l’enjeu est de faire connaître aux différents acteurs (dont le public), l’état des connaissances scientifiques sur ce polluant et ses effets, d’illustrer l’impact de l’exposition sur la santé de la population et de guider l’orientation des actions, tout en permettant aux acteurs du domaine d’apprécier les incertitudes associées. Les Cellules interrégionales d’épidémiologie (Institut de veille sanitaire) sont appelées à réaliser ce travail. Au travers de la synthèse des deux études déjà réalisées dans des régions à potentiel élevé de radon, cet article présente la démarche, sa méthode, ses limites et intérêts pour la gestion, ainsi que les voies d’amélioration de celle-ci. Les deux études ont é té réalisées en Bretagne et en Corse sur la base des mesures de la campagne réalisée dans l’habitat par l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire et le ministère chargé de la Santé. La fraction de risque et le nombre de décès annuels par cancer du poumon attribuables à une exposition vie entière au radon ont été estimés pour les distributions brutes et redressées en se basant sur un modèle proposé par le BEIR VI qui fait consensus actuellement auprès des experts. On observe ainsi pour des expositions moyennes à 98 Bq/m3 et à 197 Bq/m3, une fraction de risque attribuable respectivement de l’ordre de 20 % et de 30 %. Les résultats montrent dans ces régions à potentiel radon qu’au moins 50 % du risque est attribuable aux concentrations supérieures à 100 Bq/m3 et que réduire l’exposition lorsque les concentrations sont supérieures à 200 ou 400 Bq/m3 à des niveaux plus faibles a une efficacité notable sur l’impact sanitaire au sein de la population dans les zones à fort potentiel radon. Sur la base de tels modèles, les options d’actions politiques pourraient être scénarisées et quantifiées en intégrant des hypothèses réalistes sur les principaux facteurs déterminant le succès des stratégies d’actions destinées à réduire les niveaux de radon dans l’habitat. Il serait ainsi plus facile d’optimiser les choix politiques et techniques d’action contre le radon.
 
Abstract
We spend 90 per cent of our life in buildings and radon is a proven carcinogen agent. However, in France a debate is ongoing among potential stakeholders as to whether radon has a public health impact or not. In the regions where radon is a potential issue, the stake is to inform the various actors (including the population) of the scientific level of evidence on the effects of radon exposure, to assess its public health impact, to target actions while at the same time giving the opportunity to those actors to assess the remaining uncertainties. This task is incumbent upon the “Cellules interrégionales d’épidémiologie” (Interregional Epidemiology Centres). Through the synthesis of studies conducted in two French regions with a high potential for radon, this article presents the approach, its methodology, its limitations and interests in management and delineates ways of improvements. The two studies were conducted in Brittany and in Corsica on the basis of results of a terms of campaign related to indoor radon by the Institute of Radioprotection and Nuclear Safety and the Ministry of Health. The risk fraction as well as the annual number of lung cancer deaths attributable to lifelong radon exposure were estimated for crude adjusted distributions based on the BEIR VI model, which is a reference for experts. For mean exposures of 98 Bq/m3 and of 197 Bq/m3 an attributable risk fraction of respectively 20% and 30% was observed. Results show that in regions with a real radon potential, at least 50% of the attributable risk is due to concentrations above 100 Bq/m3. When reducing exposure in case levels exceed 200 or 400 Bq/m3 to lower levels, a significant efficiency on the safety health impact in those regions is observed. On the basis of such models, policy choices could be drafted and quantified while introducing more realistic hypotheses on the main factors that can determine the success of action policies intended to reduce indoor radon levels. It would be easier to optimize policy and technical choices in terms of actions against radon.

Mots clés / Key words
Radon, évaluation des risques, régions françaises, expo domestiques / Radon, risk assessment, French areas, home exposure



Le contrôle des expositions au radon, France, Décembre 2006
Controling exposure to radon, France, December 2006
Jean-Luc Godet (jean-luc.godet@asn.fr), Marie-Line Perrin, Eric Dechaux, Cyril Pineau
Autorité de sureté nucléaire, Paris, France

Résumé
Pour la population française, l’exposition au radon constitue, avec l’exposition médicale, la première source d’exposition aux rayonnements ionisants.
Le radon est un cancérigène pulmonaire certain pour l’homme : il est classé dans le groupe I dans la Classification du centre international de recherche sur le cancer (Circ). Selon les estimations disponibles, le nombre estimé de cancers du poumon attribuable à une exposition au radon en France se situe loin derrière celui dû au tabac. Cependant, selon une dernière étude européenne, environ 9 % des cancers du poumon en Europe seraient dus au radon. Ainsi, le nombre de personnes exposées fait du radon un problème de santé publique sur lequel il est nécessaire d’agir, d’autant plus que les expositions peuvent être nettement diminuées par des moyens souvent simples. A partir de 2002, l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) s’est attachée à mettre en place le nouveau cadre réglementaire relatif à la gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public. Le nouveau dispositif mis en place est maintenant totalement opérationnel.
De plus, en s’appuyant sur les actions retenues par le Gouvernement en juin 2004 dans le plan national santé environnement (PNSE), l’ASN a élaboré en 2005, en concertation avec le ministère chargé de l’urbanisme et de la construction, un plan d’actions interministériel 2005-2008 destiné à coordonner les actions des différents organismes nationaux engagés dans ce domaine.
Ce plan est organisé autour de 3 axes :
- construire une nouvelle politique pour la gestion du risque lié au radon dans l’habitat existant et les constructions neuves ;
- accompagner et contrôler la mise en oeuvre de la réglementation pour la gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public ;
- améliorer et diffuser les connaissances sur les expositions et le risque lié au radon.
 
Abstract
Exposure to radon, along with medical exposure, is the leading source of the French population’s exposure to ionizing radiation. Radon is a confirmed cause of lung cancer in man (classified in group I by the international Agency for research on Cancer (IARC)).
According to available estimates, the numbers of lung cancers attributable to radon exposure in France are far fewer than those caused by tobacco. However, according to a recent European study, around 9% of lung cancers in Europe may be caused by radon1. Thus, due to the number of people exposed, radon has become a public health issue which calls for action, considering that exposure can be significantly reduced by implementing measures which are often simple.
Since 2002, the Nuclear Safety Authority (ASN) has proceeded in implementing a new regulatory framework for the risk management related to the presence of radon in public places. The new system is now fully operational. In addition, based on the initiatives adopted by the government in June 2004 in the context of the National Health and Environment Plan (PNSE), the ASN drew up a plan in 2005, in collaboration with the Ministry for Urban Planning and Construction, to coordinate the actions of various national bodies involved in this field.
This three-pronged strategy is as follows:
- Creation of a new risk management policy related to the presence of radon in existing homes and in new buildings;
- Supporting and controlling the implementation of regulations for managing radon related risks in public places;
- Improvement and dissemination of knowledge on radon exposure and its related risks.

Mots clés / Key words
Exposition au radon, cancers du poumon, PNSE et plan d’actions / Exposure to radon, lung cancers, PNSE and action plan



La politique de gestion du radon au Québec
Radon gas management policy in Quebec
Jean-Claude Dessau (Jean-Claude_Dessau@ssss.gouv.qc.ca)1, Fabien Gagnon1, Benoît Lévesque1, Claude Prévost2, Jean-Marc Leclerc1
1 / Institut national de santé publique du Québec 2 / Institut national de santé publique du Québec

Résumé
En l’absence d’une politique provinciale sur le radon, la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a mandaté l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour procéder à l’évaluation de ce dossier à l’échelle provinciale. Le groupe de travail qui fut formé avait principalement pour tâche à travers une démarche d’analyse de risque, de faire le point sur le risque à la santé attribuable au radon résidentiel au Québec.
Le présent article fait état, entre autres, des principaux aspects traités dans l’avis publié en 2004 par ce groupe de travail.
Il décrit d’abord les concentrations de radon mesurées dans les domiciles au Québec. Il expose ensuite une analyse de risque en se basant sur un des modèles conçus par le comité du BEIR VI. Selon cette analyse, le radon expliquerait environ 10 % des décès par cancer du poumon, soit environ 430 des 4 101 décès attribuables chaque année au Québec à ce type de cancer. Par la suite il porte un regard sur les différentes stratégies d’intervention mises de l’avant à travers le monde. Il procède ensuite à l’analyse des stratégies d’intervention qui sont envisageables pour le Québec et les recommandations que le groupe de travail a tiré de cette analyse, en particulier deux d’entre elles qui étaient jugées les plus prometteuses, soit l’adoption de mesures préventives dans le Code de construction du Québec et le dépistage du radon dans les bâtiments publics (établissements scolaires, garderies, etc.).
Enfin, il expose les travaux effectués au niveau fédéral sur la révision de la ligne directrice canadienne qui était fixée à 800 Bq/m3 depuis 1988. Cette ligne directrice a été remise en question et le Bureau fédéral de radioprotection a fait une proposition au ministre de la santé du Canada de l’abaisser à 200 Bq/m3. On prévoit que l’annonce de cette mesure sera faite au printemps 2007.
 
Abstract
In the absence of a provincial policy on radon, the Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) gave the mandate to the Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) to carry out the evaluation of this issue on a provincial scale. The formed working group had the main task to assess health risks associated to residential radon through a risk analysis approach. This article presents the principal aspects treated in the scientific report published in 2004 by this working group. It starts with the description of radon concentrations measured in residences in Quebec. Then it carries out a risk analysis based on one of the models designed by the BEIR VI Committee. According to this analysis, radon would explain approximately 10% of the deaths by lung cancer, that is approximately 430 of the 4 101 deaths associated each year to this type of cancer in Quebec. Thereafter, it glances at the various intervention strategies implemented throughout the world. It follows the analysis of intervention strategies which are possible for Quebec and the recommendations that the working group drew from this analysis, in particular two of them which were considered to be most promising: the adoption of preventive measures in the Quebec Code of Construction and radon screening in public buildings (schools, day care centres, etc). Lastly, it presents the work carried out at the federal level on the revision of the Canadian guideline which was fixed at 800 Bq/m3 since 1988. The Federal Radioprotection Bureau made a proposal to the Canadian Minister of Health to set the guideline down to 200 Bq/m3. This modification should be announced in the spring 2007.

Mots clés / Key words
Radon, cancer du poumon, analyse de risque, stratégies d’intervention / Radon, lung cancer, risk analysis, intervention policies


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Mise en ligne le 15 mai 2007
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