BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
19 juin 2007 / n°25-26


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Numéro thématique - Santé des voyageurs 2007
Special issue - Travelers’ health 2007

Sommaire

- Éditorial - Quels risques pour les 11 millions de Français qui voyagent à l'étranger ? / Editorial - What risks for the 11 million French people who travel abroad? [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Les touristes français à l’étranger en 2006 : résultats issus du Suivi de la demande touristique (direction du Tourisme) / French tourists abroad in 2006: results from the survey “Follow-up of Tourists preferences” [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Perception des risques infectieux lors des déplacements à l’étranger, attitudes et pratiques des Français métropolitains, 2006 / Infectious risks perception when traveling abroad, attitudes and practices of the French population, 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Pathologie au retour de voyage observée en médecine de ville, France, 2005-2006 / Travel associated diseases observed in general practice in travelers returning from abroad, France, 2005-2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Étiologies des fièvres de l’adulte au retour d’un voyage récent en zone tropicale, France, 1999-2001 / Etiology of fevers in adults returning from a recent trip to tropical areas, France, 1999-2001 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Connaissance, attitude et pratiques des voyageurs français face au paludisme, 2004-2005 / Knowledge, behaviour and practices of French tourists face to malaria, 2004-2005 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Survenue en Corse d’un cas de paludisme autochtone à Plasmodium vivax, France, août 2006 / A case of autochthonous Plasmodium vivax malaria, Corsica, France, August 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- La dengue et le chikungunya : un risque à prendre en compte pour le voyageur, France, 2006 / Dengue and Chikungunya: a real risk for travelers, France, 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Fièvre jaune, épidémiologie et prévention vaccinale du voyageur / Yellow fever: epidemiology and vaccination for travelers [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Immunogénicité et tolérance du vaccin amaril chez le voyageur vivant avec le VIH, France, 2005 / Immunogenicity and Safety of yellow fever vaccine in HIV-living travelers, France, 2005 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

Coordination scientifique du numéro / Scientific coordination of the issue: Éric Caumes, Hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris, France et pour le comité de rédaction : Thierry Ancelle, Université Paris 5-René Descartes, Hôpital Cochin, Paris, France



Éditorial - Quels risques pour les 11 millions de Français qui voyagent à l'étranger ?
Editorial - What are the risks for the 11 million French people who travel abroad?
Robert Steffen, University of Zurich, Institute of Social and Preventive Medicine (ISPM), Zurich, Switzerland



Les touristes français à l’étranger en 2006 : résultats issus du Suivi de la demande touristique (direction du Tourisme)
French tourists abroad in 2006: results from the survey “Follow up of Tourists preferences”
Ludovic Armand (ludovic.armand@ecologie.gouv.fr)
Direction du Tourisme, Paris, France

Résumé
Le fort développement du tourisme des Français à l’étranger représente un enjeu de santé publique. L’enquête « Suivi de la demande touristique » réalisée par la Sofres pour le compte du ministère du Tourisme permet,entre autres éléments, d’estimer le nombre de ceux qui sortent des frontières françaises pour leurs déplacements touristiques. Cette enquête qui porte sur les personnes résidant en France et âgées de plus de 15 ans donne un portrait type (et assez stable sur les dernières années) du touriste qui séjourne à l’étranger : le plus souvent partant à deux pour un voyage qui plus de six fois sur 10 s’effectuera en Europe, le touriste qui choisit une destination étrangère voyage pour son agrément et très peu pour des raisons professionnelles. Hors de l’Europe, il partira vraisemblablement pour l’Afrique-du-Nord (Maroc ou Tunisie), ou pour le continent nord-américain (États-Unis). La durée de ses séjours est fonction de la distance parcourue : six jours en Europe, mais en moyenne 15 jours dans l’une des îles de l’Océan Indien.
Si les touristes français choisissent de plus en plus une destination étrangère, celle-ci est sur les années récentes de plus en plus européenne. Il reste qu’aujourd’hui, même si les effectifs de touristes peuvent y être faibles voire très faibles, c’est entre quelques 120 pays étrangers que les Français se répartissent chaque année, se rendant nécessairement dans des zones à risques où sont présentes des maladies infectieuses, posant ainsi tout aussi nécessairement la question de l’information et de la prévention.

 

Abstract
The increasing development of tourism abroad by French residents is becoming a public health challenge. A survey called “Suivi de la demande touristique (SDT)” (Follow-up of tourists preferences) performed by The SOFRES (a French organization in charge of market surveys and opinion polls) on behalf of the Ministry of Tourism, contributed to estimating the number of those who take their vacations outside France. The persons interviewed for this survey were residents in France who were 15 years of age or above. A good representation (relatively constant during the past years) of the typical French tourist who travels abroad was given by the survey: most of the time, he/she is accompanied by one person; in 6 cases out of 10, he/she will choose a European destination. French tourists who travel abroad do it generally for their own pleasure and very rarely for business reasons. Except for Europe, they will choose North Africa (Morocco or Tunisia) or the North American continent (USA). The length of stay wil be determined according to the distance traveled: on average, they will stay six days if they travel to Europe, and 15 days to one of the islands of the Indian Ocean.
French tourists increasingly choose foreign destinations, nevertheless, these destinations are also increasingly European. However, even in small numbers, French tourists spread over 120 foreign countries each year, travelling necessarily in risky territories where infectious diseases are common. This issue raises the need for providing tourists with information and prevention guidance.


Mots clés / Key words
Tourisme, voyages, risques / Tourism, travels, risks



Perception des risques infectieux lors des déplacements à l’étranger, attitudes et pratiques des Français métropolitains, 2006
Infectious risks perception when traveling abroad, attitudes and practices of the French population, 2006
Dominique Jeannel (d.jeannel@invs.sante.fr)1, Ludovic Lassel1, Frédérique Dorléans1, Arnaud Gautier2, Marie Jauffret-Roustide1,3
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Institut national de la prévention et de l’éducation pour la santé-Inpes, Saint-Denis, France 3 / Cesames (CNRS-Inserm-Paris V), France

Résumé
Introduction – L’augmentation considérable des voyages à l’étranger expose une part croissante de la population française à des risques sanitaires, infectieux ou autres, parfois très différents du contexte français. La prévention de ces risques repose sur le voyageur et son information.
Méthodes – Une enquête par téléphone sur la perception des risques infectieux, les attitudes et pratiques a été réalisée auprès d’un échantillon tiré au sort de la population française entre 18 et 79 ans.
Résultats – Parmi les 4 112 personnes interrogées, 48 % ont voyagé au moins une fois à l’étranger au cours des trois dernières années. Plus de la moitié (53 %) pensent que le risque de contracter une maladie infectieuse pendant un voyage en pays tropical est grand et 75 % qu’il est justifié de consulter son médecin avant un voyage. Le paludisme est le risque le plus cité. Parmi les voyageurs, 57 % déclarent s’être renseigné sur les mesures de prévention avant un voyage, la proportion étant de 96 % pour les pays impaludés.
Conclusion – La population française a une perception aigue des risques infectieux en voyage, et craint le paludisme et les pathologies tropicales. La principale source d’information sur les mesures préventives est le médecin.
 
Abstract
Introduction – The large increase of travel abroad exposes an increasing part of the French population to health hazards, infectious or others, that may greatly differ from the situation in France. Prevention of these hazards rest on the traveler and his information.
Methods – A survey on risk perception, attitudes and practices was conducted by telephone interviews on a randomized sample of the French population aged 18 to 79 years.
Results – Among the 4112 individuals interviewed, 48% had traveled abroad at least once during the last three years. More than half (53%) think that the risk of contracting an infectious disease is important while visiting a tropical country and 75% think that consulting a physician before traveling abroad is justified. Malaria is the most quoted hazard. Among travelers, 57% report having asked for information on preventive measures before traveling; 96% for travelers in countries with malaria.
Conclusion – The French population is acutely aware of infectious hazards when travelling abroad and fears mainly malaria and tropical diseases. The main information source on preventive measures is the general practitioner.

Mots clés / Key words
Infections, voyages, prévention, attitudes et pratiques / Infectious diseases, travel, prevention, attitudes and practices



Pathologie au retour de voyage observée en médecine de ville, France, 2005-2006
Travel associated diseases observed in general practice in travelers returning from abroad, France, 2005-2006
Anne Mosnier (coordnat@grog.org)1, Fabrice Legros2, Didier Duhot3, Jean-Marie Cohen1, Pascale Arnould3, Catherine Goujon2, Éric Caumes2
1 / Grog, Open Rome, Paris, France 2 / Grog, Société de médecine des voyages, Paris, France 3 / Société française de médecine générale, Issy-les-Moulineaux, France

Résumé
Malgré l’importance de la pathologie au retour de voyage, toutes les études existantes ont été faites en milieu spécialisé en maladies infectieuses ou en médecine des voyages. Nous présentons une enquête prospective et descriptive, réalisée auprès de médecins généralistes (MG) volontaires et bénévoles. L’étude s’est déroulée sur 2 mois (septembre 2005, janvier 2006). Parmi 123 MG qui ont participé, 43 ont inclus 97 patients. 86 patients étaient déjà connus du MG. Les problèmes de santé au retour de voyage représentaient une faible part de leur activité (0,4 consultation/MG/mois). L'âge moyen des patients était de 30 ans (1-78 ans). Le sexe ratio H/F était de 0,87. Les principales destinations étaient le Maghreb (57 %) et l'Afrique noire (17 %). Les deux principaux motifs de voyage étaient le tourisme (46 %) et le retour au pays des migrants pour y visiter famille et relations (43 %). Les 97 voyageurs ont présenté 113 problèmes de santé, 15 voyageurs consultant pour plus d'un problème médical. Les principaux motifs de consultation étaient les pathologies digestives (30 %), respiratoires (18 %), dermatologiques (11 %) et la fièvre (8 %). Trois patients (3 %) ont présenté une pathologie exclusivement tropicale d'importation (1 dengue, 2 paludismes). Un avis spécialisé a été demandé pour huit patients (8 %) et un a été hospitalisé. En conclusion, la pathologie observée au retour de voyage en pratique de ville est en grande majorité d’origine cosmopolite.
 
Abstract
Despite the importance of travel associated diseases in travelers returning from abroad, all the existing studies took place in units specialized in infectious diseases or travel medicine. We have performed a prospective and descriptive study in the community through voluntary general practionners (GP). Of the 123 participating GPs, 43 included 97 patients during two months (September 2005, January 2006). 86% of the patients were known by the GPs. Health problems in returning travelers represented a small part of the GP’s work load (0.4 consultation/GP/month). The mean age of the patients was 30 years (1-78) and the sex ratio M/F was 0.87. The main areas of destination were North Africa (57%) and sub-Saharan Africa (17%). The 2 main purposes of travel were tourism (46%) and visiting friends and family for migrants settled in France (43%). The 97 patients presented with 113 health impairments (15 patients had more than one problem). The main causes of consultation were diarrhoea and other digestive (gastro intestinal, hepatitis) problems (30%), respiratory tract infections (18%), skin diseases (11%) and fever (8%). Three patients (3%) presented with an imported tropical disease (1 dengue, 2 malaria), 8 patients (8 %) were referred and 1 was hospitalized. The most common diseases in our travelers returning from abroad and consulting GPs are mostly of cosmopolitan origin.

Mots clés / Key words
Pathologies, voyages, médecine générale / Diseases, travel, general practice



Étiologies des fièvres de l’adulte au retour d’un voyage récent en zone tropicale, France, 1999-2001
Etiology of fevers in adults returning from a recent trip to tropical areas, France, 1999-2001
Christine Sadorge (csadorge@pasteur.fr)1, Stéphane Bechet1, Nathalie Jolly1, Dominique Jeannel1, Hervé Zeller1, Jean-Dominique Poveda5, Séverine Murri1, Arièle Braye1, Gorette Dos Santos2, Lise-Hélène Pourteau3, Maria-Inès Calatroni4, Paul-Henri Consigny4, Pascal Ralaimazava3, Vincent Deubel1, Pierre Buffet4, Bertrand Dupont4, Bernadette Murgue1, Bertrand Gachot1, Olivier Bouchaud3, Eric Caumes2
1 / Institut Pasteur, Paris, France 2 / Hôpital Pitié-Salpétrière, Paris, France 3 / Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris, France 4 / Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris, France 5 / Pasteur-Cerba, Pontoise, France

Résumé
Introduction – La fièvre est une cause majeure de consultation des voyageurs après un retour des tropiques.
Méthodes – Afin d’identifier les différentes causes de fièvre chez des patients consultant dans un délai court (12 jours) suivant leur retour, nous avons réalisé une étude de cohorte dans quatre services parisiens de maladies infectieuses et tropicales.
Résultats – 394 patients ont été analysés. Les pathologies transmises par les vecteurs représentent la catégorie la plus importante et constituent 45 % des étiologies retrouvées dont 81 % sont attribuables au paludisme et 14 % aux arboviroses (essentiellement la dengue). Le paludisme est principalement acquis en Afrique (96 %) tandis que les infections par les arbovirus le sont principalement en Asie ou Océanie (60 %). Les pathologies transmises par l’eau et l’alimentation représentent la deuxième catégorie retrouvée (17,3 %).
Conclusions – Les principales causes de fièvre chez les voyageurs consultant précocement en milieu spécialisé au retour de voyages sont le paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires tandis que 21,3 % des causes restent indéterminées malgré une approche exhaustive du diagnostic d’arbovirose.
 
Abstract
Introduction – Fever is one of the leading causes of consultation among travelers returning from the tropics.
Methods
– In order to identify the different causes of fever among patients consulting within a short period (12 days) after their return, we performed a cohort study in four Parisian tropical and infectious disease departments.
Results
– 394 patients were analyzed. Vectorborne diseases were the leading cause (45%) of fever, including malaria (81%) and arbovirus infections (14%), mainly dengue fever. Malaria was mostly acquired in Africa whereas arbovirus infections were mostly acquired in Asia or Oceania (60%). Food and waterborne diseases were the second cause of consultation (17.3%).
Conclusions
– The leading causes of fever in patients consulting early in specialized settings shortly after returning from the tropics were malaria, diarrhea and upper respiratory tract infections whereas 21.3% of the etiologies remained undetermined despite an exhaustive approach to diagnose arbovirus infections.

Mots clés / Key words
Fièvre, voyage, tropique / Fever, travel, tropical



Connaissance, attitude et pratiques des voyageurs français face au paludisme, 2004-2005
Knowledge, behaviour and practices of French tourists face to malaria, 2004-2005
Sabine Genty (sabine.genty.j@wanadoo.fr)1,2, Fabrice Legros3,2, Olivier Bouchaud4,1
1 / Centre hospitalier universitaire, Avicenne, Bobigny, France 2 / Commission recherche-société de médecine des voyages-Paris, France 3 / Centre national de référence du paludisme, Paris 6, IRD-Paris, France 4 / Université Paris 13, France

Résumé
Le profil du voyageur en zone impaludée et son comportement face au risque de paludisme est mal connu. Nous avons étudié, grâce à une enquête faite par un institut de sondage et un laboratoire pharmaceutique auprès d’un panel de 401 personnes ayant voyagé en zone d’endémie palustre, les paramètres suivants : recherche d’informations et sources d’information avant le départ, moyens de prévention utilisés, observance ou non de la prophylaxie pendant le séjour, choix de la prophylaxie en fonction du voyage. L’information est recherchée par les voyageurs mais elle est incomplète et inadaptée. Elle n’est pas toujours donnée par les sources les plus compétentes mais souvent par les agences de voyages, l’entourage et les médias. Le rôle du médecin n’est pas suffisant car bien qu’indispensable à la prescription, il n’est pas systématiquement consulté. Il faut réfléchir à la manière d’améliorer l’information du voyageur par l’intermédiaire des interlocuteurs les plus incontournables lors de l’élaboration d’un voyage.
 

Abstract
The profile of travelers to malaria endemic areas and their risk awareness are insufficiently known. Following a survey, carried out by a company specialised in opinion polls and a pharmaceutical laboratory, we studied a panel of 401 travelers who had recently traveled to malaria endemic areas. The following parameters were documented: search for information and sources of information before traveling, prevention means used, observance of chemoprophylaxis regarding the country visited and its compliance during the trip. The study revealed that travelers searched for information although it was incomplete and inadequate, and mostly given by travel agents, family members, medias instead of the most competent authorities. The practictioner’s role was not important enough because he was not consulted systematically, even if his prescription is essential. Information intended to travelers needs to be improved through the involvement of the concerned parties who are in the frontline while preparing a trip.


Mots clés / Key words
Paludisme, prophylaxie, information, voyageurs / Malaria, prophylaxis, information, travelers



Survenue en Corse d’un cas de paludisme autochtone à Plasmodium vivax, France, août 2006
A case of autochthonous Plasmodium vivax malaria, Corsica, France, August 2006
Alexis Armengaud (dr13-cire-sud@sante.gouv.fr)1, FabriceLegros2,3, Éric D’Ortenzio2, Isabelle Quatresous4, Hélène Barré5, Sandrine Houze2, Patrick Valayer6, Yves Fanton6, Francis Schaffner7
1 / Cellule interrégionale d’épidémiologie Sud, Institut de veille sanitaire, Marseille, France 2 / Centre national de référence du paludisme, Paris, France 3 / Institut de Recherche pour le Développement, Montpellier & Paris, France 4 / Institut de Veille Sanitaire, Saint Maurice, France 5 / Direction de la solidarité et de la santé de Corse et de la Corse du Sud, France 6 / Centre hospitalier d’Ajaccio, Corse du Sud, France 7 / Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen, Montpellier, France

Résumé
Un cas de paludisme autochtone à Plasmodium vivax a été détecté en Corse en été 2006. Il s'agit du premier cas de paludisme autochtone en Corse depuis 1972. La Corse est une ancienne région d’endémie palustre, caractérisée depuis plusieurs années par une situation d’anophélisme sans paludisme, du fait de la présence d’Anopheles labranchiae et An. sacharovi, capables de transmettre le paludisme à Plasmodium vivax. La séquence d’apparition des signes de paludisme d’un cas importé le 9 juillet et d’un cas autochtone le 5 août, tous deux à Porto, évoque une transmission par un anophèle local. Cette suspicion est renforcée par les résultats des investigations entomologiques. Cependant, aucun autre cas de paludisme à Plasmodium vivaxet aucun autre cas autochtone n’ont été détectés en Corse pendant cette période de juin à septembre 2006. Il semble donc qu’aucune chaîne de transmission pérenne du paludisme ne se soit installée dans l’île. Les actions de démoustication et de lutte anti-vectorielle ont été renforcées ainsi que les mesures de prévention individuelle contre les maladies d’importation lors des voyages tropicaux. La détection de cette transmission autochtone exceptionnelle d’un seul cas de paludisme en Corse ne justifie aucunement de proposer une protection contre le paludisme aux habitants et aux touristes y séjournant.

 

Abstract
A case of Plasmodium vivax malaria case was diagnosed in Corsica in the summer 2006. This is the first case of autochthonous transmission of malaria to be reported in Corsica since 1972. Corsica is a well-known former malaria endemic region characterised, for several years now, by an anophelism situation without malaria disease, due to the presence of A. labranchiae and A. saccharovi able to transmit Plasmodium vivax. The occurring sequence of malaria signs in an imported case on 9 July and in an autochthonous case on 5 August, both in Porto, implies a transmission by local anopheles. This suspicion is reinforced by the entomological investigations results. However, from June to September, 2006, no other Plasmodium vivax malaria case and no other autochthonous case were detected in Corsica. Therefore, it seems that no permanent malaria transmission occurs in this island. Mosquitoes’ eradication actions and anti-vectorial measures have been reinforced as well as individual prevention measures against imported diseases while traveling in tropical countries. Obviously, detection of one exceptional autochthonous transmission of only one malaria case in Corsica does not justify advising malaria protection to tourists and inhabitants.


Mots clés / Key words
Paludisme autochtone, Plasmodium vivax, Corse, France / Autochthonous, Plasmodium vivax, malaria, Corsica, France



La dengue et le chikungunya : un risque à prendre en compte pour le voyageur, France, 2006
Dengue and Chikungunya: a real risk for travelers France, 2006
Isabelle Quatresous (i.quatresous@invs.sante.fr)1, Arnaud Tarantola1, Ludovic Lassel1, Esvguenia Krastinova1, Hugues Cordel1, Elisabeth Couturier1, Monique Debruyne2, Monique Boude-Chevalier3, Marc Grandadam4, Isabelle Schuffenecker5
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France 2 / Laboratoire Pasteur Cerba, Saint-Ouen-l’Aumone, France 3 / Laboratoire Marcel Mérieux, Lyon, France 4 / Institut de médecine tropicale, Le Pharo, Marseille, France 5 / Centre national de référence des arbovirus, Lyon, France

Résumé
La dengue et le chikungunya sont deux arbovirus qui ont circulé de façon importante en 2006 dans les régions des départements français d’Outre mer, la zone Caraïbe pour le premier et l’Océan Indien pour le second. Les résultats d’une estimation quantitative du nombre de cas en métropole à partir de données transmises par les laboratoires sont présentés ici. En 2006, 783 cas importés de chikungunya et 228 cas de dengue ont ainsi été identifiés. La distribution temporelle des cas de chikungunya est corrélée à l’épidémie réunionnaise. Des cas importés ont été mis en évidence sur tout le territoire métropolitain, avec une nette prédominance en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur. Ces résultats montrent que le nombre élevé de cas de dengue et de chikungunya en 2006 identifiés en France métropolitaine est corrélé à la circulation du virus dans les zones où se rendent les voyageurs et, en particulier, dans les départements d’Outre-mer. Dans la mesure où le vecteur Aedes albopictus est implanté dans le Sud de la France, le risque d’introduction et de transmission autochtone de ces arbovirus est réel. Pour les voyageurs se rendant dans les zones de circulation de ces virus, en l’absence de vaccin et de traitement, il convient d’insister sur les mesures de prévention individuelle.
 
Abstract
Dengue and chikungunya are two arboviruses and have circulated intensively in 2006 in the Caribbean region and in the Indian Ocean. The estimation of the imported number of cases in metropolitan France, based on the laboratory data is presented here. In 2006, 783 imported chikungunya and 228 dengue cases have been identified in metropolitan France. The time distribution of the Chikungunya cases matches the kinetic of the outbreak in Reunion Island. Imported cases have been identified aeverywhere in France, but most of them occurred in patients living in Paris region and in Southern France. These results show that the important number of imported arboviral cases in 2006 in metropolitan France is correlated to the intensity of the virus circulation in countries of travel, especially in overseas territories. Since the vector Aedes albopictus has been identified in southern France, the risk of introduction and autochthonous transmission is real. For travelers to countries where these viruses circulate, since neither vaccine nor treatment is available, individual protection measures must be encouraged.

Mots clés / Key words
Chikungunya, dengue, arboviroses, cas importés, sérologie / Chikungunya, dengue, arboviruses, imported cases, serology



Fièvre jaune, épidémiologie et prévention vaccinale du voyageur
Yellow fever: epidemiology and vaccination for travelers
Fabrice Legros (fabrice.legros@bhdc.jussieu.fr)1, Jean-Philippe Leroy1, Nathalie Massy2, Jean-François Saluzzo3, Ludovic de Gentile1, Dirk Teuwen3
1 / Société de médecine des voyages, Paris, France 2 / Centre régional de pharmacovigilance, Rouen, France 3 / Sanofi-Pasteur, Lyon, France

Résumé
Une mise au point sur l’épidémiologie de la Fièvre Jaune et les effets indésirables graves pouvant survenir après vaccination est présentée. La Fièvre Jaune est actuellement une maladie en expansion évoluant par flambées é pidémiques en Afrique et en Amérique latine, avec une tendance à l’urbanisation. Les principaux paramètres épidémiologiques de la maladie sont rappelés. En l’absence de thérapeutique spécifique, la vaccination, parfaitement tolérée dans l’immense majorité des cas, reste la seule protection efficace. Cette vaccination, régie par le Règlement Sanitaire International, est valable pour une durée de 10 ans.
Une synthèse des caractéristiques des effets neurotropes et viscérotropes à l’origine de manifestations rares mais parfois mortelles est présentée. Il n’a pas été démontré de lien entre ces effets et la souche 17D. Les facteurs de risque identifiés à ce jour sont l’âge et les dysfonctionnements du thymus. Au total l’analyse bénéfice risque reste très favorable à la vaccination mais la décision de vaccination, notamment pour les sujets de plus de 60 ans, devrait être argumentée en fonction des caractéristiques du séjour projeté et des contraintes réglementaires. Les recherches doivent être poursuivies pour appréhender les mécanismes immunitaires liés à l’hôte qui sont impliqués.
 
Abstract
The epidemiology of the yellow fever and serious adverse events following yellow fever vaccination are reviewed. Yellow fever is currently a disease in full expansion, with epidemic outbreaks in Africa and in Latin America and with a tendency to urbanization. The most important epidemiological features of the disease are summarized. In the absence of a specific therapy, yellow fever vaccination remains the only effective protection against the disease and is perfectly tolerated in the majority of people. The vaccination, governed by the International Health Regulations, is valid for a period of 10 years. Characteristics of neurotropic and viscerotropic diseases, although rare with a sometimes fatal outcome, are summarized. No cause and effect between the adverse events and the 17D vaccine strain has been established. Risk factors are the age and the history of thymus disease. Overall, the benefit risk ratio remains in favor of vaccination, however, the decision to vaccinate, namely for subjects over 60 years of age, should always be evaluated depending on the planned journey and the regulatory requirement. Further research investigations are required to improve the knowledge of the host immune response considered to be at the origin of these adverse events.

Mots clés / Key words
Fièvre jaune, épidémiologie, vaccin amaril, effets indésirables graves post vaccinaux, bénéfice risque, voyageur / Yellow fever, epidemiology, yellow fever vaccine, serious adverse effects, risk-benefit, traveler



Immunogénicité et tolérance du vaccin amaril chez le voyageur vivant avec le VIH, France, 2005
Immunogenicity and safety of yellow fever vaccine in HIV-living travelers, France, 2005
Thierry Pistone (thierry.pistone@chu-bordeaux.fr)1,2, Claire-Hélène Verdière2, Marie-Catherine Receveur1,2, Khaled Ezzedine2, Marie-Edith Lafon1, Denis Malvy1,2
1 / Centre hospitalier universitaire de Bordeaux, France 2 / Université Victor Segalen Bordeaux 2, France

Résumé
Introduction – Le vaccin amaril (VA, fièvre jaune) est un vaccin vivant atténué théoriquement contre-indiqué chez les patients immunodéprimés en raison du risque possible de maladie vaccinale viscérotope ou neurotrope graves.
Méthodes – Étude rétrospective des voyageurs vivant avec la VIH (voyageurs VIH) ayant reçu le VA en 2002 ou 2003 au CHU de Bordeaux. L’immunogénicité a été définie par la négativité des anticorps anti-amarils séroneutralisants (Ac–, <=5 UI/l) avant le VA suivie par des Ac positifs (Ac+, >=10 UI/l) après le VA.
Résultats – Au total, 23 voyageurs VIH ont été étudiés. Tous avaient une numération CD4 > 200 /mm3 excepté un qui avait 159 CD4. Nous avons noté 12 voyageurs VIH déclarant un antécédent de VA et 9 d’entre eux (75 %) é taient immunisés (Ac+) avant le VA de l’étude. Nous avons observé 11 voyageurs VIH sans antécédent de VA (Ac–) et tous ont été immunisés par le VA (Ac+). L’immunogénicité du VA a été évalué à 93 % (13/14) chez les voyageurs VIH qui avait des Ac– avant le VA. Le délai d’acquisition de l’immunité semble plus long qu’en population générale. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté.
Conclusion – Nous considérons que l’immunogénicité du VA est satisfaisante mais incomplète chez le voyageur VIH. Nous suggérons une grande étude prospective pour confirmer nos résultats.
 
Abstract
Introduction – Yellow fever vaccination (YFV), an attenuated lunig vaccine, is theoretically contra-indicated in immunosuppressed patients due to the risk of post-vaccinal viscerotropic or neurotropic disease.
Methods – Retrospective study of HIV-living travelers (HIV t.) to endemic areas vaccinated with YFV in 2002 or 2003 in Bordeaux. Immunogenicity of YFV efficient antibody response was defined by a negative YF serology (-YFS, Ab <=5 UI/l) before the YFV followed by a positive (+) YFS (Ab >=10 UI/l) after the YFV.
Results – We included 23 HIV t.. All patients had a CD4 cell counts (CD4) above 200 /mm3, except one individual who had 159 CD4. We noticed that 12 HIV t. (52%) declared a previous YFV and nine of them (75%) were immunized against YF (+ YFS) before the YFV proposed. We observed 11 HIV t. (48%) with no history of YFV (– YFS) and all of them were immunized after YFV (+ YFS). The immunogenicity of YFV was recorded at 93% (13/14) of HIV t. who had a (– YFS) before YFV. The delay for acquiring an efficient antibody response seems to be longer than in healthy travelers. No serious adverse event was recorded.
Conclusion – We consider that the immunogenicity of YFV in HIV t. is good but incomplete. We suggest a large prospective study to confirm our findings.

Mots clés / Key words
Immunogénicité, tolérance, efficacité, vaccin amaril, fièvre jaune, VIH, voyageur / Immunogenicity, tolerance, safety, vaccine, yellow fever, HIV, traveler


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Mise en ligne le 19 juin 2007
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