Evolution climatique et canicule en milieu urbain. Apport de la télédétection à l'anticipation et à la gestion de l'impact sanitaire

Publié le 1 mars 2011
Mis à jour le 6 septembre 2019

Les observations et les modèles de reconstruction de l'évolution des températures globales indiquent une augmentation de l'occurrence, de l'intensité et de la durée des vagues de chaleur, notamment en Europe Occidentale. Les grandes métropoles sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur, en raison de leur densité de population, des caractéristiques des surfaces, des îlots de chaleur et de la production de chaleur anthropique et de polluants. Ce projet, fondé sur les travaux précédents des auteurs, fait la synergie entre l'observation satellitaire des températures de la région parisienne pendant la canicule d'août 2003 et une enquête sanitaire portant sur la surmortalité des personnes âgées. Les objectifs de cette étude étaient (i) de mieux comprendre la variation spatio-temporelle des températures de surface dans la région parisienne en fonction de l'occupation du sol et des caractéristiques physiques des surfaces; (ii) de détecter les secteurs ayant des seuils critiques de température; (iii) de produire de nouveaux indices thermiques pour définir un indicateur plus représentatif des risques sanitaires; et (iiii) d'établir une méthodologie de surveillance satellitaire locale pour une meilleure anticipation et gestion des risques. La méthode est basée sur l'usage des satellites polaires orbitaux pour l'obtention des températures de surface et leur interprétation. Une série de 50 images thermiques satellitaires (NOAA-AVHRR) et une image multispectrale (SPOT-HRV) ont été utilisées pour analyser la variation spatiale des températures de surface du cycle diurne pendant la canicule (4 -13 Août). Ces images démontrent (i) le contraste entre la distribution des îlots de chaleur de jour et de nuit en relation avec l'occupation du sol et l'inertie thermique des surfaces; (ii) l'atténuation de la chaleur par la végétation, (iii) l'importance des températures nocturnes élevées sur la canicule, (iv) la variation spatio-temporelle des îlots de chaleur et des secteurs ayant des seuils critiques de température, et (v) la corrélation entre la distribution spatiale des températures minimales les plus élevées, et des plus hauts ratios de mortalité. La température de surface aux adresses de 482 personnes âgées (65 ans et plus, 281 décès et 281 témoins) a été extraite d'une série de 61 images thermiques satellitaires (1-13 Août). Des indicateurs de température minimale, maximale, moyenne ainsi que d'amplitude ont été construits, prenant en compte l'intervalle de temps entre l'incidence de la température et l'impact sanitaire. Les indicateurs ont été intégrés dans un model logistique conditionnel, ajusté pour différents facteurs de risques. Les résultats indiquent un risque de mortalité significativement plus important pour les températures minimales sur une période de 7 jours (jour du décès et 6 jours précédents) et sur la période totale d'étude de 13 jours. Ils confirment l'importance des températures nocturnes et de la durée des canicules pour les risques sanitaires. L'étude démontre l'apport de la télédétection à la compréhension de l'intensité des vagues de chaleur en milieu urbain, et à l'anticipation et la gestion de leur impact sanitaire. Cette étude montre qu'il est possible d'anticiper les risques sanitaires non seulement en termes de probabilité, mais en termes de temps, lieux et magnitude. Ces résultats devraient contribuer au développement de stratégies d'adaptation et d'atténuation de la vulnérabilité environnementale et sanitaire dans la région parisienne. La méthodologie peut être appliquée à d'autres métropoles, en tenant compte des instruments téléportés disponibles, de la situation géographique et des paramètres environnementaux et sociaux locaux. (R.A.)

Auteur : Dousset B, Gourmelon F, Giraudet E, Laaidi K, Zeghnoun A, Bretin P, Vandentorren S
Année de publication : 2011
Pages : 82 p.