Borréliose de lyme
Publié le 16/09/2013 - Dernière mise à jour le 02/01/2018
Sommaire du dossier | |
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Le vecteur | Points sur les connaissances |
Dispositifs de surveillance | Enquêtes et études |
Données épidémiologiques | Publications |
Liens |
Données épidémiologiques
En France, au niveau national, au cours de la période 2009-2015, les incidences nationales fluctuaient autour d’une moyenne estimée à 46 cas pour 100 000 habitants. En 2016, le taux d’incidence annuel estimé a augmenté significativement par rapport à 2015, de 51 cas/100 000 [38-64] à 84 cas/100 000 [70-98].
Au niveau régional et départemental, il existe une grande disparité avec des incidences estimées élevées (>100 cas/100 000) dans l'Est et le Centre et basses (<50/100 000) à l'ouest et au sud méditerranéen.
Estimation de l'incidence nationale
Le taux d’incidence annuel national de la borréliose de Lyme a été estimée lors des deux études réalisées par le réseau Sentinelles en 1988-89 et 1999-2000 respectivement à 16,5 et 9,4/100 000. Depuis 2009, un système de surveillance a été mis en place et ses caractéristiques sont restées identiques (volontariat des médecins, définition de cas, méthodes de calcul des estimations d’incidence...).
Entre 2009 et 2015, les incidences nationales fluctuaient autour d'une moyenne estimée à 46 cas/100 000 habitants. En 2016, le taux d’incidence annuel estimé a augmenté significativement par rapport à 2015, de 51 cas/100 000 [38-64] à 84 cas/100 000 [70-98].
Ces résultats sont à interpréter en tenant compte des limites de ces études et de la surveillance liées à la possible non représentativité des médecins volontaires participants et au fait que les incidences sont estimées à partir d’un faible nombre de cas recensés. Par ailleurs, la comparaison entre les incidences estimées par les études 1988-89, 1999-2000 et la surveillance 2009-2016 est limitée par le fait que les méthodes de calcul d’estimation étaient différentes. Les incidences calculées dans les études pourraient être sous-estimées.
Estimation de l'incidence annuelle de la borréliose de Lyme, France, 2009-2016 (Réseau Sentinelles) |
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Année | Nb de médecins participants* | Nb de cas notifiés |
Erythème migrant | Nb d'autres formes |
Estimation | Estimation du nb annuel de cas |
ETUDES PONCTUELLES |
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1999-2000 |
875 | 86 |
90 % |
total : 14 |
9,4 [7,4-11,4] | - |
1988-1989 | 480 | 73 |
100 % |
total : 15 | 16,5 [12,6-20,4] | - |
SURVEILLANCE CONTINUE |
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2016 |
442 | 194 |
95 % |
total : 10 | 84 [70-98] | 54 647 |
2015 |
455 | 105 |
98 % |
total : 2 | 51 [38-64] | 33 202 |
2014 |
394 | 76 |
95 % |
total : 4 | 41 [30-52] | 26 146 |
2013 |
332 | 113 |
97 % |
total : 3 | 55 [43-67] | 35 369 |
2012 |
375 | 85 |
93 % |
total : 6 | 44 [32-56] | 27 817 |
2011 |
359 | 94 |
90 % |
total : 9 | 41 [31-51] | 26 166 |
2010 |
372 | 84 |
98 % |
total : 2 | 42 [32-52] | 26 227 |
2009 |
452 | 80 |
90 % |
total : 7 | 46 [34-58] | 29 072 |
nb : certains cas ont à la fois érythème migrant et autres formes cliniques.
* (proportion par rapport aux nombre total de médecins généralistes en France).
Estimation des incidences régionales ou départementales
Des incidences régionales ou départementales de la borréliose de Lyme ont été estimées à partir de la surveillance du Réseau Sentinelles, des études régionales Santé publique France/Cire et de la surveillance du CNR.
Réseau Sentinelles
Au cours de période 2009-2015, la surveillance du réseau Sentinelles a montré une diversité géographique des incidences régionales. Les taux d’incidence annuels moyens durant cette période étaient les plus élevés dans les régions de l’Est et du Centre de la France.
Les taux d’incidence annuels moyens par région ont été comparés pour deux périodes, 2009-2011 et 2012-2015 (carte 1, carte 2).
En 2016, une augmentation d’incidence a été observée dans plusieurs régions (Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Lorraine, Limousin, Bourgogne, Auvergne, Alsace) (carte 3) mais les différences d’incidence entre 2015 et 2016 n’étaient pas statistiquement significatives dans toutes les régions, en particulier dans celles avec des effectifs faibles (figure).
Etudes InVS/Cire
Les études InVS/Cire réalisées entre 2001 et 2012 montrent une diversité géographique des incidences régionales estimées entre 232/100 000 et 24/100 000. L’incidence était la plus élevée dans les régions de l’Est (Alsace 232/100 000, Haute-Savoie 185/100 000), la plus basse en Aquitaine (24/100 000) et intermédiaire en Franche-Comté (92/100 000) et Limousin (105/100 000) (tableau 1).
Les résultats de ces études sont à interpréter en tenant compte de leurs limites liées en particulier à la possible non représentativité de l’échantillon de médecins participants. Par ailleurs, la comparabilité interrégionale est limitée en raison des différences inter-études en termes de périodes d’étude, de définitions de cas, et de tests biologiques utilisés.
Surveillance du CNR
Entre 2002 et 2010, la surveillance du CNR a montré une diversité géographique des incidences départementales estimées, qui variaient de 20 à 200/100 000. Elles étaient élevées et stables dans la Meuse (100-200/100 000), intermédiaires et stables en Auvergne entre 2005-2010 (80-100/100 000) et basses en Haute et Basse-Normandie (tableau 2).
Les limites dans l’interprétation des résultats de la surveillance du CNR sont liées à la représentativité de l’échantillon de médecins participants.
La carte 4 représente les incidences départementales estimées par la surveillance du CNR et par les études InVS/Cire entre 2000 et 2012.
Séroprévalence de la borréliose de Lyme
Entre 1989 et 2003, la Mutualité sociale agricole (MSA) a mené cinq études de séroprévalence de la borréliose de Lyme parmi le personnel affilié. Deux autres études ont été réalisées chez des chasseurs en 1995-1996 et chez des donneurs de sang (1995-1996).
Les séroprévalences de la borréliose de Lyme estimées chez les forestiers étaient comprises entre 14 % et 22 %. Celles chez les donneurs de sang (Ile-de-France, Berry) et le personnel administratif MSA dans l’Est de la France étaient de l’ordre de 3 à 4 % (tableau 3).
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Région
Année (durée de l'étude)
Nb1, % de participation2,
% de généralistes3Nb de cas certains (N)
Proportion (n/N)
érythème migrantNb autres formes4
Incidence/100 000 basse-haute
Alsace
(2 dép./2)2001-2003
(24 mois)419
(13 % des méd. sollicités)
MG 72 %992
86 %
(856/992)total : 136 sans EM
articulaires : 86
neurologiques : 65
cutanées : 25
cardiaques : 5180-232
Limousin
(3 dép./3)2004-2006
(24 mois)236
(16 % des MG, 28 % des spé. sollicités)
MG 76 %259
94 %
(243/259)articulaires : 34
neurologiques : 31
cutanées : 5
cardiaques : 265-105
Rhône-Alpes
(3 dép./8)2006-2008
(24 mois)241
(11 % des méd. sollicités)
MG 68 %657
93 %
(612/657)
(EM ≥5 cm)articulaires : 12
neurologiques : 32
cutanées : 2
cardiaques : 3
ophtalmiques : 2Ain : 145
Loire : 125
H-Savoie :185Franche-Comté
(4 dép./4)2010-2012
(24 mois)254
(12 % des méd. sollicités :
12 % des MG, 20 % des spé.)
MG 80 %421
93 %
(392/421)articulaires : 4
neurologiques : 20
cutanées : 4
ophtalmique : 185 [IC 95 % 77-92]
Aquitaine
(5 dép./5)2010-2012
(24 mois)325
(7 % des méd. sollicités)
MG 77 %122
87 %
(106/122)articulaires : 6
neurologiques : 6
cutanées : 411-24
1Nombre : nombre de médecins participants ; 2% de participation : proportion de médecins participants parmi les médecins sollicités ; 3% de généralistes : proportion de médecins généralistes parmi les médecins participants ; 4certains cas ont à la fois érythème migrant et autres formes cliniques.
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Département
Année
Nb de médecins participants*
Nb de cas*
Incidence/100 000**
LORRAINE
Meuse
2002-2010
57-70
41-68
135-224
AUVERGNE
Puy-de-Dôme
Cantal
Allier2006-2010
2006-2010
2006-201094-115
82-98
56-6368-88
17-42
21-2991-117
65-128
44-62BASSE NORMANDIE
Calvados
Manche
Orne2007-2010
2007-2010
2007-201026-21
30-37
22-262-4
2-9
2-156-15
7-35
11-85HAUTE NORMANDIE
Eure
Seine-Maritime2008-2010
2008-201026-36
15-321-23
13-234-104
51-83* nombres minimum et maximum de médecins participants et de cas selon les années ; ** incidence minimale et maximale estimée au cours des années de surveillance.
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Région d'étude
Année d'étude
Source des données
Population d'étude
Séroprévalence
Références bibliographiques
Ouest (16 départements) Bretagne, Pays de Loire, Basse-Normandie, Poitou-Charentes
<1989
MSA1
Affiliation MSA
Forestiers
Personnel administratif20,5 % [17,4-23,6] ; (133/653)
21,8 % [18,4-25] ; (129/592)
3,7 % [0-7,8] ; (3/80)Doby JM et al., 1989
Berry Sud
1995-1996
non précisée
Chasseurs
15 % (25/170)
Christiann C et al., 1997
Berry Sud
17-24/05/1995 et 19/06/1995
Collecte sang
(3 villes)Donneurs de sang
3,3 % (6/82)
Christiann C et al., 1997
Ile-de-France
<1997
MSA1
Forestiers
Donneurs de sang
15,2 % (32/211)
3,2 % (1/31)
Zhioua E et al., 1997
Alsace
Nov.-Déc. 1996
MSA1
Forestiers
18,2 % (80/442)
Cire Est, 1999
Grand Est (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne, Champagne-Ardenne)
2002 - 2003
MSA1
Forestiers
14 % (419/2975)
Prévalence haute chez bûcherons en Alsace, en LorraineThorin C et al., 2008
Rigaud E et al., 20161 MSA : Mutualité sociale agricole.
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Il n’existe pas de surveillance européenne centralisée standardisée. La borréliose de Lyme est incluse dans le programme "Emerging and vector borne diseases" de l’European Centre for Disease Prevention and Control.
Les principales sources de données européennes proviennent de trois revues de la littérature internationale :
- OMS Europe. Lyme borreliosis in Europe: influences of climate and climate change, epidemiology, ecology and adaptation measures (E. Lindgren, TGT Jaenson) 2006 ;
- Hubalek Z. Epidemiology of Lyme borreliosis, in Lipsker D, Jaulhac B (eds) : Lyme borreliosis Curr Probl Dermatol. Basel, Karger,2009,37:31-50.
La comparaison des données entre les pays est limitée par la diversité :
- des sources de données : surveillance laboratoire (notification des tests positifs), déclaration obligatoire, études d’incidence prospectives, études de séroprévalence ;
- du niveau géographique : national, régional, infrarégional ;
- de la période d’étude ;
- de l’hétérogénéité des définitions de cas cliniques et biologiques.