BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
22 juillet 2008 / n°30-31


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Bilans réguliers de surveillance - Maladies infectieuses
Regular assessments of surveillance - Infectious diseases

Sommaire

- Signalement des infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa, France, Août 2001 - Juin 2006 / Notification of Pseudomonas aeruginosa nosocomial infections, France, August 2001 - June 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Signalements externes des infections nosocomiales, France, 2006 / External reporting of nosocomial infections, France, 2006 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Recrudescence récente des cas de listériose en France / Recent increase of listeriosis in France [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Le tétanos en France en 2005-2007 / Tetanus in France in 2005-2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Les légionelloses survenues en France en 2007 / Cases of Legionnaires’ disease in France in 2007 [ Lire le résumé / Read the abstract ]

- Journées de veille sanitaire. Appel à communications orales de dernière minute consacrées aux alertes



Signalement des infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa, France, Août 2001 - Juin 2006
Notification of Pseudomonas aeruginosa nosocomial infections, France, August 2001 - June 2006
Nathalie Nicolay1, Jean-Michel Thiolet1, Daniel Talon2, Isabelle Poujol1, Claude Bernet3, Anne Carbonne4, Catherine Dumartin5, Isabelle Raclot6, Hélène Sénéchal7, Laurence Bouraoui1, Bruno Coignard1 ( b.coignard@invs.sante.fr)
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France - 2 / Centre hospitalier universitaire, Besançon, France - 3 / Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin) Sud-Est, Lyon, France - 4 / CClin Paris-Nord, Paris, France - 5 / CClin Sud-Ouest, Bordeaux, France - 6 / CClin Est, Nancy, France - 7 / CClin Ouest, Rennes, France

Résumé
Pseudomonas aeruginosa (PA) est fréquemment responsable d’infections nosocomiales (IN) sévères. L’émergence de nouveaux phénotypes de résistance rend de plus en plus difficile le traitement de ces IN. Les infections à PA peuvent être signalées à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) et au Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin) du fait de leur caractère rare ou particulier ou en cas de décès du patient. L’analyse des signalements d’IN reçus à l’Institut de veille sanitaire (InVS) du 01/08/2001 au 30/06/2006 confirme l’importance et la gravité des IN à PA. Sur les 3 520 signalements reçus sur cette période, 332 (9 %) étaient des signalements d’IN à PA dont 70 correspondaient à des cas groupés. Les infections respiratoires (29 %), les infections urinaires (21 %) et les bactériémies (20 %) représentaient près des trois quarts des localisations infectieuses. La létalité associée à ces infections signalées était élevée (21 %). Un quart (24 %) des souches documentées par un antibiogramme étaient résistantes à tous les antibiotiques recommandés pour le traitement des IN à PA (sauf la colistine). La description de deux épisodes de cas groupés illustre les modalités d’investigation et de prévention des IN à PA.
 

Abstract
Pseudomonas aeruginosa (PA) is a frequent cause of severe nosocomial infections (NI), which treatments are increasingly limited due to emerging antimicrobial resistance patterns. PA infections can be notified to local health departments (Ddass) and regional infection control coordinating centres (CClin) as a rare or noticeable NI or in case of the patient’s death. The analysis of NI notifications received by the national public health surveillance institute (InVS) from 01/08/2001 to 30/06/2006 confirms the importance and severity of PA NI. Among 3,520 notifications received during this period, 332 (9%) were notifications of PA NI, 70 of which occurred as clusters. Respiratory infections (29%), urinary tract infections (21%) or bacteraemia (20%) accounted for about three quarters of all infection sites. The lethality among notified infections was high (21%). Among all strains documented with an antibiogram, one quarter (24%) were resistant to all antibiotics recommended for the treatment of PA NI (except colistin). Two clusters are described and illustrate the principles of investigation and prevention of
PA NI.


Mots clés / Key words
Infection nosocomiale, Pseudomonas aeruginosa, alerte, investigation d’épidémie, France / Cross infection, Pseudomonas aeruginosa, early warning, outbreak investigation, France




Signalements externes des infections nosocomiales, France, 2006
External reporting of nosocomial infections, France, 2006
Jean-Michel Thiolet (jm.thiolet@invs.sante.fr)1, Isabelle Poujol1, Claude Bernet2, Anne Carbonne3, Catherine Dumartin4, Isabelle Raclot5, Hélène Sénéchal6, Laurence Bouraoui1, Bruno Coignard1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France - 2 / Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin) Sud-Est, Lyon, France - 3 / CClin Paris-Nord, Paris, France - 4 / CClin Sud-Ouest, Bordeaux, France - 5 / CClin Est, Nancy, France - 6 / CClin Ouest, Rennes, France

Résumé
En 2001, les autorités sanitaires ont rendu obligatoire le signalement de certaines infections nosocomiales rares ou graves, afin de les détecter précocement et de favoriser leur investigation et contrôle. En 2006, 1 007 signalements totalisant 3 239 infections ont été reçus de 431 établissements de santé ; 304 correspondaient à des cas groupés. Les taux et délais de signalement variaient selon le type d’établissement et la région. Les micro-organismes les plus fréquemment signalés étaient Clostridium difficile (19 % des signalements), Staphylococcus aureus (11 % des signalements), les entérobactéries (9 %) et Pseudomonas aeruginosa (8 %). En 2006, le signalement a permis la détection de l’émergence d’infections à C. difficile de type 027 et l’accompagnement des établissements de santé pour la mise en oeuvre des mesures de contrôle. La capacité du système à détecter et contrôler rapidement des épidémies reste dépendante de l’adhésion des professionnels, d’un lien avec une capacité d’expertise microbiologique structurée et de la réactivité des structures de coordination et d’expertise.

 

Abstract
In 2001, health authorities made notification of rare or severe nosocomial infections (NI) mandatory for early detection and prompt investigation and control. In 2006, 1,007 reports representing 3,239 infections were notified from 431 healthcare facilities (HCF); 304 were clusters. Notification rates and delays varied by type of HCF and region. The most frequent notified pathogens were Clostridium difficile (19% of notifications), Staphylococcus aureus (16%), Enterobacteriaceae (9%), and Pseudomonas aeruginosa (8%). In 2006, the notification system allowed the detection of emerging C. difficile ribotype 027 infections, and support for implementation of control measures in HCF. The system capacity of detecting and quickly controlling NI outbreaks relies on the adhesion of healthcare professionals, linkages with a structured capacity for microbiological expertise, and the reactivity of expertise and coordinating structures.


Mots clés / Key words
Infection nosocomiale, alerte, investigation d’épidémie, France / Cross infection, early warning, outbreak investigation, France




Recrudescence récente des cas de listériose en France
Recent increase of listeriosis in France
Véronique Goulet (v.goulet@invs.sante.fr)1, Alexandre Leclercq2, Véronique Vaillant1, Alban Le Monnier2, Edith Laurent1, Françoise Thierry-Bled3, Nathalie Pihier4, Henriette de Valk1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France - 2 / Centre national de référence des Listeria, Institut Pasteur, Paris, France - 3 / Direction générale de l’alimentation et Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes, Paris, France - 4 / Direction générale de l’alimentation, Paris, France

Résumé
L’incidence de la listériose en France a diminué notablement de 1987 à 2001, puis s’est stabilisée ensuite jusqu’en 2005 autour de 3,5 cas/million d’habitants. En 2006, on assiste à un inversement de cette tendance avec une augmentation brusque de l’incidence à 4,6 cas/million d’habitants qui s’est prolongée en 2007 pour atteindre 5,0 cas/million d’habitants. Cette augmentation concerne particulièrement les sujets âgés de 60 ans et plus et les sujets immunodéprimés, quel que soit leur âge. L’incidence des listérioses materno-néonatales reste stable. La plupart des régions sont touchées et la saisonnalité estivale est similaire aux années précédentes. L’augmentation d’incidence n’est pas liée à l’émergence d’une souche particulière et l’augmentation a concerné tant les cas sporadiques que les cas faisant partie d’un cluster. Une augmentation de l’incidence de la listériose a été observée également dans neuf pays européens sur la période 2000-2006, avec des caractéristiques similaires (concerne les personnes âgées de 60 ans et plus, pas de regroupement temporo-spatial et pas d’émergence de souches particulières). Aussi bien en France que dans les autres pays, les raisons de cette augmentation n’ont pas été identifiées. Plusieurs hypothèses permettant d’expliquer cette augmentation récente de l’incidence de la listériose sont discutées.
 
Abstract
From 1987 through 2001, the incidence of listeriosis in France declined spectacularly, then stabilised until 2005 to around 3.5 cases/million inhabitants. This trend changed suddenly in 2006 with an incidence increase of o 4.6 cases/million inhabitants, which continued until 2007 to reach 5.0 cases/million inhabitants. This increase has occurred mainly among persons >60 years of age and immunosuppressive patients, regardless of their age. No increase has occurred in pregnancy-associated cases. Most geographical districts are involved, and seasonal variation is similar than before 2006. The increase of incidence is not linked to the emergence of particular strains at the origin of clusters, and the increase occurred in both sporadic and cluster-associated cases. In nine other European countries, an increase of listeriosis has also been observed during the period 2000-2006, with similar characteristics as in France (occurring in subjects >60 years, with no geographical and temporal clustering, and no emergence of any particular strain). In France, as in other European countries, the cause of this increase remains unknown. Different hypotheses contributing to explain this increase are discussed here.

Mots clés / Key words
Listériose, Listeria monocytogenes, surveillance, incidence, France / Listeriosis, Listeria monocytogenes, surveillance, incidence, France



Le tétanos en France en 2005-2007
Tetanus in France in 2005-2007
Denise Antona (d.antona@invs.sante.fr)
Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France

Résumé
Toxi-infection aiguë grave, souvent mortelle, le tétanos peut-être prévenu par la vaccination. Les cas notifiés en France entre 2005 et 2007 sont
présentés ici.
Méthodes – En France, seuls les cas de tétanos généralisés sont à déclaration obligatoire (DO) et doivent être notifiés par les médecins à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.
Résultats – Au cours de ces trois années, un total de 41 cas de tétanos a été déclaré parmi lesquels 13 sont décédés, soit une létalité de 32 %. La
distribution des cas est la suivante : 17 en 2005, 16 en 2006 et 8 en 2007, correspondant à une incidence des cas déclarés de 0,28, 0,26 et 0,13 cas par million d’habitants respectivement. Les cas concernent principalement des personnes âgées (90 % ont 70 ans ou plus) et des femmes (76 %). L’incidence annuelle par sexe est respectivement de 0,45 cas par million pour les femmes et 0,10 pour les hommes en 2005, de 0,29 et 0,24 en 2006 ; en 2007, tous les cas déclarés étaient des femmes avec une incidence de 0,25 cas par million. En ce qui concerne la porte d’entrée, il s’agissait de blessures (68 % des cas), de plaies chroniques (10 %), mais dans 22 % des cas la porte d’entrée est passée inaperçue. Tous les cas étaient non ou mal vaccinés.
Discussion – Tous ces cas et décès auraient pu être évités par une meilleure application de la politique des rappels anti-tétaniques et, en cas de plaie, par la vaccination et l’administration d’immunoglobulines spécifiques humaines selon le protocole recommandé.
 
Abstract
Tetanus is an acute severe disease induced by an exotoxin, often lethal, and can be prevented by vaccination. The analysis of cases reported between 2005 and 2007 is presented in this article.
Methods – In France, physicians must notify to the district health department (Ddass) only generalized tetanus cases.
Results – During those past three years, 41 cases were notified among which 13 died (lethality: 32%). Distribution of cases was as follows: 17 in 2005, 16 in 2006, and 8 in 2007, giving an incidence of notified cases of 0.28, 0.26 and 0.13 cases per million inhabitants respectively. Cases occurred mainly in elderly people (90% were at least 70 years old) and in women (76%). Yearly incidence by gender was respectively 0.45 cases per million among women and 0.10 among men in 2005, 0.29 and 0.24 in 2006; in 2007, all notified cases occurred in women with an incidence of 0.25 cases per million. As far as the context of occurrence is concerned, injuries were identified in 68% of the cases, chronic wounds in 10%, but remained unknown in 22% of the cases. All the cases were incompletely or not vaccinated.
Discussion – All cases and deaths could have been avoided, had the vaccine booster doses been correctly administered, and in case of injury, through vaccination (together with specific human immunoglobulins if needed), in accordance with the current national recommendations.

Mots clés / Key words
Tétanos, surveillance, déclaration obligatoire, France / Tetanus, surveillance, mandatory notification, France



Les légionelloses survenues en France en 2007
Cases of Legionnaires’ disease in France in 2007
Dieter Van Cauteren1,2, Christine Campèse (c.campese@invs.sante.fr)1, Sophie Jarraud3, Catherine Maine1, Didier Che1
1 / Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France - 2 / Programme de formation à l’épidémiologie de terrain (Profet), Saint-Maurice, France - 3 / Centre national de référence de légionelles, Lyon, France

Résumé
Introduction – La surveillance de la légionellose a montré une baisse modérée de l’incidence en 2006 (1 443 cas notifiés).
Résultats – En 2007, 1 428 cas ont été notifiés, correspondant à un taux d’incidence de 2,3 pour 100 000 habitants. Ce taux d’incidence était plus élevé chez les hommes ainsi que chez les sujets âgés de 80 ans et plus. L’âge médian des cas était de 61 ans et le sexe ratio homme/femme était de 3,2. La létalité était de 10 % et un ou plusieurs facteurs favorisants avaient été retrouvés chez 70 % des cas. La majorité (93 %) avait été diagnostiquée par un test de détection urinaire et une souche avait été isolée chez 231 cas (16 %). Les souches endémiques représentaient 29 % des souches cliniques isolées. Une exposition à risque lors de la période d’incubation avait été rapportée pour 36 % des cas et plusieurs investigations de cas groupés ont été réalisées.
Discussion-Conclusion – Le bilan de la surveillance épidémiologique de la légionellose en 2007 est encourageant avec une stabilisation de l’incidence depuis 2005. Néanmoins il faut continuer à diffuser l’information, s’assurer de l’application des réglementations récentes et développer la recherche afin de générer une réelle diminution de l’incidence dans les années à venir.
 
Abstract
Introduction – Legionnaires’ disease surveillance has shown a decrease of the incidence in 2006 (1,443 notified cases).
Results – In 2007, 1,428 cases were notified corresponding to an incidence rate of 2.3 per 100,000 population, which was higher among men and subjects above 80 years of age. The median age of cases was 61 years, and the male to female sex ratio was 3.2. The case fatality rate was 10%, and individual risk factors were documented for 70% of cases. The majority of them were diagnosed by urinary antigen detection and isolates were available for 231 (16%) cases. Endemic strains represented 29% of the isolated clinical strains. Specific environmental exposures during the incubation period were reported for 36% of cases, and many clusters and outbreaks were detected and investigated.
Discussion-Conclusion – The epidemiological situation of Legionnaires’ disease in 2007 is promising, with a stabilisation of the incidence rate since 2005. Nevertheless, the dissemination of information, and the control of the enforcement of recent regulations, together with continued research on this pathogen should continue in order to facilitate a true decrease in the incidence rate in the coming years.


Mots clés / Key words
Légionellose, épidémiologie, surveillance, souche endémique, France / Legionnaires’ disease, epidemiology, surveillance, endemic strain, France



Journées de veille sanitaire. Appel à communications orales de dernière minute consacrées aux alertes

Journées de veille sanitaire organisées par l’Institut de veille sanitaire
27-28 novembre 2008, Cité des sciences et de l’industrie, Paris
APPEL À COMMUNICATIONS ORALES DE DERNIÈRE MINUTE CONSACRÉES AUX ALERTES


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Mise en ligne le 22 juillet 2008
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