Surveillance épidémiologique de la multimorbidité. Revue bibliographique

Publié le 1 janvier 2014
Mis à jour le 7 juin 2019

La multimorbidité a un poids important en santé publique (recours aux soins importants, augmentation des incapacités et de la dépendance, réduction de la qualité de vie, risque de complications post opératoire,effets indésirables des médicaments...). Les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques nécessitent souvent une prise en charge spécifique et, un certain nombre de facteurs de risque étant communs aux maladies chroniques les plus fréquentes (obésité, tabac, inactivité), l'enjeu en termes de prévention est important. La multimorbidité est donc un indicateur de l'état de santé de la population qui permet de compléter les informations apportées par la surveillance des maladies chroniques considérées séparément. Cet indicateur peut être pertinent pour adapter l'offre de soins (consultations adaptées, réseaux de soins, etc.) et mesurer l'impact des facteurs de risque les plus fréquents. L'intérêt porté à la mesure de la multimorbidité dans le cadre de la surveillance épidémiologique est récent et encore peu développé, notamment en France. L'objectif de ce document est de synthétiser les données bibliographiques disponibles sur la prévalence de la multimorbidité et d'en décrire les principaux outils de mesure. Il n'existe pas de consensus sur la méthodologie à employer pour estimer la prévalence de la multimorbidité dans le cadre de la surveillance épidémiologique. La définition la plus répandue réfère à la coexistence d'au moins deux maladies chroniques, sans prise en compte de la gravité ni des corrélations entre les maladies. Dans la majorité des études, la prévalence de la multimorbidité est estimée au moyen d'enquêtes déclaratives (par interview ou au moyen d'auto-questionnaires) Les résultats obtenus sont très hétérogènes. Les États-Unis, l'Angleterre et l'Écosse utilisent des bases médico-administratives qui comportent les diagnostics médicaux. L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) développe actuellement un système de surveillance de la multimorbidité à partir des bases médico-administratives. En l'absence de consensus méthodologique, un premier objectif pourrait être de construire un indicateur basé sur la co-occurrence d'au moins deux ou trois des principales maladies chroniques liées au mode de vie (maladies cardiaques et cérébro-vasculaires, cancer, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et diabète) à l'instar de ce qui est proposé aux États-Unis (CDC). La cohorte Constances et l'enquête Esteban pourraient apporter des informations. L'utilisation des bases médico-administratives (Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniir-AM)) comporte des limites, notamment l'absence de diagnostics médicaux. Mais la pertinence de ces données pour l'étude de la multimorbidité pourrait être explorée. En tout état de cause, il parait indispensable d'assurer une veille scientifique sur cette thématique. (R.A.)

Auteur : Fuhrman C
Année de publication : 2014
Pages : 22 p.