Cancers autour de la plateforme chimique de Roussillon. Analyse des données de mortalité et d'incidence des années 2003-2013 dans les communes riveraines de la plateforme chimique de Roussillon

Publié le 1 janvier 2017
Mis à jour le 7 juin 2019

En 2015, l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes a sollicité Santé publique France pour documenter d'éventuels excès de cancers parmi les riverains de la plateforme chimique de Roussillon (département de l'Isère). Les données de mortalité et d'incidence recueillies auprès du CépiDC de l'Inserm et du registre des cancers de l'Isère, portent sur la période 2003 à 2013. Les SMR et SIR (ratios standardisés de mortalité et d'incidence), obtenus par standardisation indirecte, sont analysés sur les six communes jouxtant la plateforme, avec le département de l'Isère en référence. L'étude montre une fréquence légèrement plus élevée de cancers chez les hommes (de l'ordre de +8% par rapport à ce qui est observé chez les hommes du département de l'Isère) et un niveau de mortalité par cancer qui n'est pas différent de la moyenne départementale. Chez les femmes, l'incidence des cancers et la mortalité par cancer de l'ensemble des 6 communes du secteur de Roussillon sont comparables à celles du département de l'Isère. Les analyses par localisation cancéreuse montrent que les cancers touchant les voies respiratoires et principalement le mésothéliome de la plèvre (cancer de la membrane protectrice du poumon) sont en excès sur le secteur de Roussillon. Pour le mésothéliome de la plèvre, le risque, en termes d'incidence et de mortalité, est multiplié par plus de 5 au sein de la population masculine de l'étude par rapport à la population masculine de l'Isère. De façon moins marquée, une surmortalité significative par cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon est observée chez les hommes et chez les femmes du secteur. Aucune autre localisation cancéreuse n'est retrouvée en excès parmi les riverains de la plateforme chimique de Roussillon. L'excès global observé de cancers chez les hommes est en grande partie attribuable au mésothéliome de la plèvre, lui-même largement imputable à une exposition professionnelle à l'amiante utilisée au sein de la plateforme chimique. Cette exposition pourrait aussi expliquer une partie de l'excès de décès par cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon sur la zone. Ainsi, l'origine du sur-risque des cancers dans cette zone d'étude apparaît plutôt en faveur d'une exposition professionnelle qu'environnementale, bien que l'étude ne permette pas d'établir la causalité de la relation observée.

Auteur : Malagutti F, Yvon JM, Pepin P
Année de publication : 2017
Pages : 37 p.